top of page

DancInk

 

 

C’est comme 

« Je suis devant ce paysage féminin

Comme un enfant devant le feu … … »

                      Paul Eluard. « L’Extase », Derniers poèmes d’amour. 

 

 

 

Dans DancInk, je suis cet enfant

 

Avec ce papier, je tapisse le sol afin de tout remplir, ce n’est pas une scène et le public devra trouver sa place. Je remplis ce sol avec ce papier créé du mariage de la paille de riz et de l’écorce de santal bleu, il est aussi fin que l’organza et sa couleur est blanc cassé. On entend une harmonie vocale claire et cristalline en le remuant.

 

Partout, ce sont de grandes feuilles de ce papier, qui sont jointes côte à côte.

 

ELLE, elle est habillée d’une longue robe, une robe faite de ce papier. Elle est allongée en une silhouette délicate au centre de ce papier fin, comme si elle était née de ce papier.

 

Devant ce paysage, je ne peux m’empêcher d’humecter mes pinceaux avec de l’eau claire. Je relève les yeux, la violoncelliste est en face de moi de l’autre côté de l’étendue de papier, soudain nous nous regardons avec compréhension, À l’instant où mon pinceau retombe vers le papier, son archet fait vibrer la première corde.

 

Le pinceau réveille la dormeuse en robe de papier, envoie ses bras de toute leur longueur, s’étendre, comme l'oiseau étends ses ailes, fait osciller ses cuisses, ses jambes, jusqu’à ses chevilles agiles.

 

Réveille-toi, … L’âme endormie en paix,

Mon coeur attend qui tu danses pour moi,

L’encre noire faite par le long frottement du bâton d’encre,

T’attend et emplie ton coeur.

 

Agite -toi, …corps réveillé venant de la paix,

Il y longtemps que le pinceau attend de danser avec toi. 

 

Pourtant, moi

Je suis l’instrument, l’outil

J’emprunte les pinceaux et l’encre pour admirer ta danse, j’écoute et je suis sa musique.

 

Naturellement,

La dormeuse ouvre son corps paisiblement, s’élève du papier avec délicatesse,

Elle cherche à se manifester de la façon la plus simple… en dansant!

C’est comme si l’archet voulait l’accompagner vers le lointain… en planant!

 

Et moi,

Je ne sais pas danser, ni jouer du violoncelle, 

Mais j’ai les pinceaux et l’encre,

Mes mains trempent prestement mes deux pinceaux dans l’encre,

Pour transmettre les mille présences de tes silhouettes.

 

Allons-y,

Nous allons rêver et nous épanouir dans un autre monde!

 

Mes mains ainsi que mon corps tout entier, mon âme et mon esprit,

Se soulèvent, volent, dansent avec une joie incontrôlable 

Et ici, nous créons et inventons en oubliant tout le reste.

 

Deux pinceaux dans mes mains dessinent sans arrêt,

Ils ne veulent pas rater un mouvement de toi—-danseuse,

Ni perdre une seconde de ta sonorité—-violoncelliste.

 

La danseuse est émue malgré elle de cette encre noire et de ces pinceaux,

Elle les appelle irrésistiblement, comme si elle cherchait une autre âme en elle,

Laquelle s’est perdue pendant longtemps.

 

Accompagnés de cette sonorité délicieuse,

Les pinceaux avec l’encre aussi me semblent avoir compris cette âme.   

 

 

Jouissons de ta danse 

Écoutons sa mélodie

Ressentez ma peinture 

 

Je peins en inspirant ton archet

Tu joues en inspirant sa danse

Elle danse en inspirant ma peinture

 

Elle a besoin de ta musique pour danser

Tu as besoin de sa danse pour faire vibrer tes cordes

J’ai besoin de ta mélodie pour activer mes pinceaux 

 

Toi-Moi-Elle, Elle-Moi-Toi, Moi-Toi-Elle 

 

TRIO !

Musique, Danse, Encre

Tout apparait sur ce papier si fin.

 

Ainsi,

Le long pinceau est aussi le chef d'orchestre 

Qui t’invite à jouer pour ramener la danseuse

« La danseuse, revient sur ce papier-là où apparaissent mille sortes de silhouette »

 

Avec la violoncelliste, on se regarde

J’esquisse le dernier mouvement

Elle tire l’archet sur la dernière corde

 

La danseuse rentre au centre de cet étang d’encre

Elle se rendort

 

 

 

 

 

Zhou Yiyan 

Mars 2020, à St cloud

 

bottom of page